
- Introduction
- Le numérique responsable, un levier d’action pour faire face au défi climatique
- Pourquoi le numérique responsable représente-t-il un bénéfice pour les entreprises ?
- Quelle approche adopter pour insuffler les principes du numérique responsable en interne ?
- La Digital Clean-Up Week : un évènement mondial pour diminuer son empreinte digitale
1. Introduction
Le numérique est souvent perçu comme un moteur de progrès, offrant de nombreuses solutions et simplifications à nos vies quotidiennes. Cependant, derrière cette vision idéalisée, se cachent des effets néfastes et invisibles qui méritent d’être considérés, notamment en matière d’impact écologique, social et économique.
Tout d’abord, l’empreinte écologique du numérique est particulièrement préoccupante. En effet, ce secteur génère à lui seul 3,8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre (Sénat, 2019-2020) surpassant ainsi celle de l’aviation civile et est à l’origine de la consommation d’environ 5,5 % de l’électricité produite à l’échelle mondiale (GreenIT, 2019). En aval de sa chaine, le numérique a généré la production de 53 millions de tonnes de déchets électroniques en 2019 (ONU, 2020) dont une part importante reste mal traitée, un phénomène aggravé par l’obsolescence accélérée des équipements. Enfin, l’extraction des ressources nécessaires à la fabrication d’appareils électroniques, et notamment de l’eau, pose également un défi environnemental majeur : bien que celle-ci soit une ressource renouvelable, son utilisation intensive pour la production des matières premières fait naître des questions sur la durabilité de sa gestion à long terme.
Sur le plan social là encore, d’autres problématiques ont vu le jour : la chaîne de production des équipements qui soulève des interrogations sur le respect des droits des travailleurs, les effets néfastes sur la santé, la fracture numérique isolant les personnes non formées ou vivant dans des zones mal desservies …Toutes ces évènements viennent ainsi amplifier les inégalités.
💡 Dans ce contexte, adopter une approche éthique et durable du numérique n’est plus une simple option mais une véritable nécessité, en particulier pour les entreprises qui assument une part importante de cette responsabilité.
Source : Etude Empreinte environnementale du numérique mondial de GreenIT (2019) / Etude The Global E-waste Monitor de l’ONU (2020) / Rapport d’information du Sénat (2019-2020)
2. Le numérique responsable, un levier d'action pour faire face au défi climatique
Face aux défis du numérique, une solution se dessine le « Numérique Responsable » ou « Green IT » en anglais. Ce concept introduit en 2014, regroupe un ensemble de pratiques visant à favoriser une utilisation plus réfléchie des technologies dans le but de réduire leur empreinte à la fois sociale et environnementale. Ce nouveau concept s’appréhende selon une approche holistique reposant sur trois piliers fondateurs (ADEME, 2022), complétés par six principes à suivre lors du développement de solutions plus durables, inclusives et éthiques pour ses technologies (Colibris, 2023) :

Source : Etude Le numérique responsable de l’ADEME (2022) / Article Les 5 principes de base du numérique responsable de Colibris (2023)
3. Pourquoi le numérique responsable représente-t-il un bénéfice pour les entreprises ?
Les entreprises, disposant d’un pouvoir considérable pour impulser le changement, peuvent jouer un rôle majeur en adoptant une stratégie du numérique responsable, qui aura pour effet de réduire substantiellement les impacts négatifs des technologies. Elles pourraient par ailleurs en intégrant cette démarche bénéficier de quatre grands avantages !
Découvrons-les ensemble …
• Accroître la performance des équipements et préserver la santé mentale :
Intégrer les principes du numérique responsable reposent sur une gestion plus raisonnée des outils et des données, incitant ainsi à repenser les habitudes quotidiennes souvent négligées. En supprimant les fichiers inutiles, en réduisant le stockage excessif et en désinstallant les applications ou services non utilisés, la charge sur les appareils est allégée, ce qui améliore leur performance, les rend plus réactifs et prolonge leur durée de vie, prévenant ainsi une obsolescence prématurée.
En favorisant une consommation plus raisonnée de la technologie et en ne conservant que l’essentiel, cette pratique permet aussi de réduire la frustration causée par l’encombrement numérique, offrant ainsi une expérience plus fluide et agréable à l’utilisateur. Comme le souligne Popma (2013), l’usage excessif des outils numériques entraîne une « techno-dépendance » due à la surcharge informationnelle. Ce phénomène engendre de ce fait une augmentation de la charge mentale, notamment de type « cognitive », en raison de la réactivité aux flux constants, de la fragmentation des tâches et de l’intensification du travail. C’est donc en simplifiant son environnement numérique, qu’il devient possible de mieux réduire le stress et d’améliorer la concentration, contribuant ainsi à un bien-être global.
Source : Article académique Technostress et autres revers du travail nomade de Popma (2013)
• Améliorer son empreinte carbone :
Adopter une stratégie de numérique responsable permet à l’entreprise de réduire son empreinte carbone en optimisant ses infrastructures technologiques, en prolongeant la durée de vie de ses appareils, et en améliorant l’efficacité de ses équipements numériques.
• Réaliser des économies :
Mettre en œuvre une stratégie d’achats numériques responsables représente un levier d’économies à long terme. Bien qu’un produit numérique éco-conçu soit plus cher à l’achat qu’un produit standard, il n’est pas forcément plus coûteux lorsque l’on considère l’ensemble de son cycle de vie. En effet, un ordinateur, un logiciel, une application ou un site web éco-conçu, ayant une durée de vie plus longue et étant prévu pour être évolutif, permet de réduire les coûts à l’usage grâce à des mises à jour facilitées et à une meilleure efficacité. Cela se traduit par des économies notables tout en améliorant l’efficacité globale.
4. Quelle approche adopter pour insuffler les principes du numérique responsable en interne ?
Avant de mettre en place des pratiques concrètes pour un numérique responsable, il est essentiel de commencer par évaluer l’impact de ses activités numériques actuelles. Cette étape permet notamment d’identifier les écarts et de poser les fondations nécessaires pour adopter une approche adaptée. Les entreprises peuvent par exemple appliquer les étapes suivantes :
Trois outils peuvent être mobilisés pour mesurer l’empreinte numérique et disposer d’un état des lieux solide sur lequel bâtir une stratégie numérique responsable cohérente :
- La calculatrice de l’INR (Institut du Numérique Responsable)
⇒ L’INR a créé une calculatrice qui permet d’évaluer simplement son impact numérique professionnel.
- Le Bilan Carbone
⇒ Il permet de quantifier les émissions de CO2 émises annuellement dans l’atmosphère par l’activité de son entreprise en général. Une attention particulière peut être portée aux émissions liées aux pratiques numériques.
- L’Analyse du Cycle de Vie des produits (ACV)
⇒ L’ACV est un outil complet permettant de repenser le cycle de vie des produits numériques, de l’achat d’appareils reconditionnés à la gestion de leur fin de vie.
Pour mener à bien une transition vers un numérique responsable, il est essentiel d’obtenir l’adhésion de la direction et des collaborateurs. L’engagement des dirigeants joue un rôle clé en inscrivant cette démarche dans la stratégie globale de l’entreprise et en lui apportant de la légitimité, tandis que la mobilisation de l’ensemble des équipes facilite la mise en œuvre d’actions concrètes et pérennes.
Pour y parvenir, il est important de sensibiliser l’ensemble des acteurs à travers des formations, des ateliers ou des conférences, afin de développer une véritable culture du numérique responsable. En parallèle, mettre en avant les bénéfices (réduction des coûts, conformité réglementaire, amélioration de l’image de l’entreprise, etc.) renforce l’adhésion collective et encourage chacun à adopter des pratiques plus vertueuses.
Pour ancrer le numérique responsable au cœur de l’entreprise, il est essentiel de :
- Elaborer une stratégie à long terme, structurée, alignée avec les ambitions globales de l’organisation ;
- Etablir des engagements forts de sorte à traduire cette ambition en une volonté d’action. Ces engagements doivent refléter une approche cohérente et responsable, impliquant l’ensemble des parties prenantes et favorisant une transformation progressive mais durable ;
- Fixer des objectifs mesurables afin de donner une direction à la démarche et d’en assurer le suivi.
Concrétisation de la stratégie, le plan d’action associé se doit d’être réaliste et réalisable pour permettre l’atteinte des objectifs fixés. Il permet d’organiser et de prioriser les mesures à appliquer, en définissant des responsables, des échéances et des indicateurs de suivi.
Quelques exemples d’actions à porter de main :
Acheter des appareils d’occasion ou reconditionnés
S’assurer de la provenance éthique des équipements informatiques est l’une des preuves les plus importantes pour témoigner d’une démarche de numérique responsable engagée. Pour y parvenir, les entreprises peuvent d’abord privilégier les équipements reconditionnés ou d’occasion par exemple. Le reconditionnement consiste à remettre à neuf des équipements usagés, après les avoir récupérés, testés, réparés et vérifiés par des professionnels. Cette approche permet de réduire la demande de nouveaux produits, de limiter l’impact environnemental de la fabrication et du transport, et de conserver les ressources naturelles. Quant à l’achat d’appareils d’occasion, il permet de prolonger la vie des produits existants, de limiter le gaspillage et de participer activement à l’économie circulaire. Ces équipements, souvent fonctionnels et à prix abordable, sont une alternative idéale pour réduire les déchets électroniques tout en optimisant le budget de l’entreprise.
Entretenir et réparer son matériel informatique
Comme le dit l’adage, « l’électricité la plus durable est celle que l’on ne consomme pas », de même, le matériel informatique le plus responsable est celui que l’on évite d’acheter lorsqu’il n’est pas nécessaire ! Toutefois, si l’achat d’un nouvel appareil est nécessaire, il est important de porter une attention particulière à « l’indice de réparabilité des produits ». En effet, plus cet indice est élevé, plus l’appareil sera conçu pour durer et être réparé facilement, ce qui permet de réduire l’obsolescence programmée et d’éviter de remplacer prématurément des équipements encore fonctionnels.
Recycler ses appareils numériques
Le recyclage des appareils numériques constitue une étape cruciale dans leur cycle de vie. En effet, un recyclage bien orchestré permet à l’entreprise de contribuer non seulement à la réduction des émissions de métaux lourds et de gaz à effet de serre (GES) liées à la gestion inappropriée des déchets d’équipements électriques et électroniques (DEEE), à la récupération et la réutilisation des métaux précieux présents dans les composants qui limite ainsi l’extraction de nouvelles ressources naturelles et de réduire de facto, son empreinte globale. Plusieurs solutions de collecte sont à la disposition des entreprises, telles que les ressourceries, les déchetteries, les points de reprise en magasin et les centres de collecte DEEE en France.
Après la mise en œuvre des actions, il est essentiel d’assurer un suivi régulier pour mesurer leur efficacité. L’utilisation d’indicateurs permet d’analyser les résultats obtenus et d’identifier les ajustements nécessaires pour optimiser l’impact des initiatives. Cette démarche doit s’inscrire dans une logique d’amélioration continue.
En réalisant des bilans périodiques et en recueillant les retours d’expérience, l’entreprise peut alors affiner sa stratégie et adapter ses actions pour garantir des résultats durables et cohérents avec ses engagements en matière de numérique responsable.
5. La Digital Clean-Up Week : un évènement mondial pour diminuer son empreinte digitale
🌿💻 La « Digital Cleanup Week » a fait son grand retour entre le 10 et 15 mars 2025 ! Cet évènement international vise à sensibiliser les salariés d’entreprises mais aussi le grand public aux impacts du numérique sur le changement climatique, et encourage le passage à l’action.
Concrètement, la Digital Cleanup Week met en lumière 3 typologies de mesure qui permettent de réduire son impact environnemental :
Nettoyer :
Supprimer les fichiers inutiles, les e-mails obsolètes et les applications non utilisées pour réduire le stockage excessif et l’empreinte carbone des serveurs.
Réparer :
Allonger la durée de vie des équipements numériques en les entretenant, les réparant ou en les reconditionnant, plutôt que de les remplacer systématiquement.
Recycler :
Offrir une seconde vie aux appareils en les recyclant ou en les donnant à des associations pour éviter qu’ils ne deviennent des déchets électroniques polluants.
Pour l’occasion, vous pouvez découvrir les actions réalisées par MF Advising cette année juste ici : LinkedIn
Notre équipe se tient prête à vous accompagner dans l’adoption des principes du numérique responsable au sein de vos activités, notamment au travers d’ateliers et de sessions de sensibilisation afin de mieux comprendre ses enjeux et favoriser l’intégration de pratiques plus vertueuses.
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